Zone d'identification
Cote
Titre
Date(s)
- 2024-07-31 (Création/Production)
Niveau de description
Étendue matérielle et support
1 fichier audio, 25 minutes 23 secondes
Zone du contexte
Nom du producteur
Dépôt
Histoire archivistique
Source immédiate d'acquisition ou de transfert
Zone du contenu et de la structure
Portée et contenu
Débat entre Grégory Domenig, président du comité d’organisation de Givrins 2024, Lucie Theurillat, présidente de la Fédération vaudoise des jeunesses campagnardes, Samuel de Vargas, jeune conseiller communal socialiste Lausannois, et Olivier Meuwly, historien.
Appraisal, destruction and scheduling
Accruals
System of arrangement
Zone des conditions d'accès et d'utilisation
Conditions d’accès
Conditions governing reproduction
Language of material
Script of material
Language and script notes
Caractéristiques matérielle et contraintes techniques
Finding aids
Zone des sources complémentaires
Existence and location of originals
Existence and location of copies
Related units of description
Zone des notes
Note
Transcription:
Anne Fournier, on vous retrouve en direct de la campagne vaudoise à Givrin, près de Nyon.
Qu'est-ce qui motive ce déplacement ?
Oui Coralie, c'est ici que débute ce soir la grande messe des jeunesses campagnardes vaudoises, une cantonale organisée tous les cinq ans.
Alors nous avons voulu en profiter, malgré l'orage et la grêle qui sont maintenant derrière nous, pour décrypter l'élan de ces festivités et joutes sportives, rencontrer cette jeunesse, comprendre aussi, à la veille de la fête nationale, quelle place elle trouve dans la Suisse de 2024.
Alors avec mon collègue Robin Baudrat de la rubrique Vaud, nous sommes ce soir sur la terrasse du Stand Info au cœur de la manifestation, bonsoir.
Bonsoir Anne.
Par change, je l'ai dit, l'orage est dernière nous et nous sommes entourés de beaux mondes.
Tout d'abord Grégory Doménique, président du comité d'organisation de Givrin 2024, Lucie Theria, présidente de la fédération vaudoise des jeunesses campagnardes, Samuel de Vargas, jeune conseiller communal socialiste lausannois, tout cela sous l'œil avisé de l'historien Olivier Meuveli.
Bonsoir à toutes et à tous.
Bonsoir.
Alors Robin Baudrat, vous connaissez très bien le monde des jeunesses campagnardes puisque vous avez fait partie vous-même durant 13 ans d'une société de jeunesse.
Alors dites-nous, pour nous qui ne connaissons pas grand-chose, c'est quoi une cantonale ?
Qu'est-ce qui la rend si particulière ?
C'est un peu comme la Coupe du Monde ou les Jeux Olympiques des jeunesses vaudoises.
Vous l'avez dit, la fête cantonale de la FVJC, de la Fédération Vaudoise des Jeunesses Campagnardes, elle a lieu tous les cinq ans, elle dure trois semaines.
Le reste du temps, entre ces grandes fêtes, il y a chaque année les Girons.
Il y en a quatre par été, par région, le Nord, le Pied-du-Jura, le Centre et la Broye.
Et ces Girons, ils durent cinq jours, du mercredi au dimanche.
On trouve aussi le tir cantonal des jeunesses, un concours de tir au fusil à 300 mètres qui se déroule chaque année à la fin de l'été.
Alors pour répondre à votre question, Anne, la cantonale est si particulière parce qu'elle regroupe en un seul et unique endroit durant trois semaines, ce qui est habituellement fait aux quatre coins du canton durant tout un été.
Tous les cinq ans, elle se substitue au Girond.
Le programme sportif sera notamment très chargé ces trois prochaines semaines avec des tournois de football, de vol efféminin, des concours d'athlétisme, la lutte, le tir à la corde ou encore le tir au fusil.
Et la fréquentation, elle est aussi importante, Robin ?
Oui, ce sont au total plus de 120 000 personnes qui sont attendues ici à Givrin, une fréquentation qui a déjà été atteinte lors des dernières cantonales à Savigny en 2019 ou à Colombier-sur-Morge en 2013.
Comme visiteur, il y aura tout d'abord les plus de 200 sociétés de jeunesse du canton et leurs 8000 membres âgés de 16 à 30 ans environ.
Il y a aussi les familles, les curieux, les habitués qui viennent en voisin ou de plus loin, voire de très loin.
Toutes les tranches d'âge sont représentées dans ces manifestations pour la Fédération Vaudoise des Jeunesses Campagnard qui chapeau de cette fête.
Le but de cette cantonale et des Girons, c'est de promouvoir les activités sportives et culturelles dans un esprit festif et un climat d'intense amitié.
Il y a aussi tout un programme d'animation, vous l'entendez peut-être derrière nous, donc du plateau d'humoristes aux festivités du 1er août en passant par des soirées clubbing, des spectacles, encore des concerts.
Cette cantonale a ouvert ses portes cet après-midi à 16h30, malgré la météo un peu défavorable, mais il y avait tout un cérémonial.
Oui, avec un raid depuis le lieu de la dernière fête.
C'est un passage de témoin de la dernière cantonale à la nouvelle.
L'objectif est d'ouvrir la place de fête ici à Givrin en partant depuis Savigny, où le centième FVJC s'est déroulé il y a cinq ans.
Lors de cette journée sportive, plusieurs moyens de transport ont été utilisés par les participants à ce raid, notamment le vélo pour aller à Givrin.
Sous la pluie et la grêle, les sportifs sont partis ce matin à 7h et ils sont arrivés vers 17h ici sur la place de manifestation.
Il y a aussi eu, c'est impressionnant, le survol de la cantonale par un avion de combat de l'armée, un FA-18.
Et puis la cérémonie d'ouverture, il y a quelques minutes, a officiellement lancé cette cantonale 2024 de Givrin.
On signalera aussi que tous les bâtiments, les constructions en bois ne vont pas rester ici.
C'est une place de fête éphémère, tout sera démonté dans trois semaines.
Et puis parmi les premiers participants à cette cantonale, on a Théo et Timothée, vous êtes membre de la jeunesse de Dorny et de Goyon.
Pourquoi est-ce que vous avez tenu absolument à être parmi les premiers présents ici, sur cette place de fête ?
Théo.
Bonjour.
Euh...
Eh ben, ici, faut bien s'imaginer que l'ambiance qui peut régner un peu sur la place de fête, c'est... elle doit être à peu près comparable à celle du camping au Paléo, ou toute une manifestation qui se déroule sur plusieurs semaines.
Et puis y a vraiment une ambiance qui est vraiment propre à cette manifestation, euh... où, voilà, on fait des rencontres.
Mais après, on va recroiser ces personnes, et puis on va vraiment... créer un lien qui est différent que celui qu'on peut avoir peut-être juste... en passant une soirée avec X, qu'on reverra pas forcément.
Là, c'est vraiment l'occasion de nouer des liens qui sont plus... plus forts.
Et puis, euh... voilà, de diversifier les rencontres, aussi, avec beaucoup plus de gens qui sont présents sur la place de fête en même temps.
Et puis aussi, avant que vous parliez de sport, y a toute une rivalité qui est aussi plus importante que celle qu'on peut retrouver dans une manifestation de plus petite envergure.
Et puis ça, ça donne aussi quelque chose qui est plus intéressant.
Et y a plus de challenge, et au final... c'est vraiment une ambiance qui est... qui est unique.
Et qu'on a envie de vivre au maximum.
Donc c'est pour ça que je suis là, déjà, ce soir.
Ouais, donc dans cet esprit d'amitié, Timothée, pourquoi est-ce que vous venez à toutes les cantonales, à tous les girons ?
Pourquoi est-ce que c'est important pour vous de venir ?
Bonjour.
Euh...
Ben... au-delà du fait que Théo a dit, c'est aussi pour faire perpétuer cette tradition, parce que ça fait plus de cent ans que ces manifestations existent, dont aussi la cantonale.
Alors, voilà, moi je suis très attaché à tout ça, alors ça me faisait plaisir de venir ce soir aussi, dès le premier jour, et puis pour voir la cérémonie d'ouverture aussi, qui est juste magnifique.
Merci beaucoup, on vous souhaite une belle cantonale, à vous deux.
Merci beaucoup.
Merci.
Merci.
Alors on l'a dit, ce sont trois semaines de fêtes, avec énormément de bénévoles, et Grégory Doménique, c'est vous le maître du jeu durant ces trois semaines.
Alors déjà, ça m'intrigue, parce que je ne connais pas ces festivités, ça représente quoi, ce caveau des anciens tout en bois, qui est juste devant nous, une énorme maison construite par vos mains, je crois.
Et qu'est-ce qu'elle représente, ce caveau des anciens, en quelques mots ?
Alors, le caveau des anciens, c'est un bâtiment qui symbolise vraiment les anciens des jeunesses.
Donc là, on a à peu près 17 bénévoles et anciens qui s'organisent pour l'organisation, autant pour la cuisine, les tartares, et puis le service.
Et c'est eux qui ont aussi fait toute la gestion et tout pour la préparation de ce bâtiment.
C'est un endroit qui est plus détend, plus pour boire un verre avec des amis.
Et là, où il y a toute la tradition, en fait.
Tout à fait, c'est très tradition, un moment de partage, vraiment plus au calme et de discussion.
Vous-même, en tant que président, cette année, comment vous vous sentez en ce premier jour, au-delà de la météo qui nous a jondé quelques tours, là ?
Alors, actuellement, bah, je me sens un peu mouillé, mais sinon, hyper confiant pour le reste.
On a vraiment...
J'ai vraiment une grosse équipe derrière moi de malades, et ça, franchement, y a rien à dire.
Mais je me sens assez confiant pour le reste, et puis, vous savez, beaucoup de personnes me disent « Mais est-ce que t'as dormi ces jours, et tout ?
» Je dors très bien, et je suis confiant pour la suite de cette manifestation.
Et tout le monde est 100% bénévole dans l'organisation, ça, il faut le préciser.
Tout à fait, alors, 100% bénévole, que ça parte de tout en haut, comme moi, en tant que président, mais également jusque tout en bas, le comité d'électeurs, les responsables de commissions sont tous bénévoles et bossés d'arrache-pied pour cette manifestation. 120 000 personnes qui sont attendues pendant 7 jours, vous craignez pas d'être un peu victime de votre succès ?
Que ça prenne des proportions énormes ?
Alors, victime de notre succès, non, c'est vrai qu'on s'adapte aussi au public.
C'est clair, on est un peu plus petit que la dernière cantonale, mais après, on voit aussi que c'est des manifestations qui demandent, et que les gens aiment, les gens s'intéressent à ce qui se passe ici, et c'est vraiment un esprit très compagnard, mais également citadin, que ça mélange toutes les générations, des plus petits jusqu'aux plus anciens.
On a parlé des bénévoles, mais vous avez aussi besoin de bénévoles pour faire tourner les différents bars, la cuisine, etc., pour que la fête fonctionne. 10 500 tranches horaires de 4 heures, aujourd'hui, vous avez à peu près rempli plus de 7 000, il manque encore pas mal, il manque beaucoup.
Effectivement, donc il reste à peu près le 20% de tranches horaires de 4 heures de temps à remplir, donc c'est pour ça qu'on fait un gros appel aux gens pour venir bosser.
C'est vrai que c'est du travail, mais c'est également des moments de rencontre, de partage, et vraiment au taquet pour ces manifestations et j'ai confiance en tout le monde.
Mais c'est compliqué de les trouver, pourquoi ?
C'est vrai que je pense qu'on a énormément besoin, donc on a beaucoup besoin de bénévoles, mais après, c'est trop compliqué, c'est vrai que ça reste aussi du travail, puis que les gens aiment profiter.
Après, les tranches qui nous manquent, c'est souvent plus tard dans la nuit, début de semaine, c'est que les gens ne sont pas forcément habitués à faire du bénévolat en début de semaine, donc c'est ça aussi la grosse particularité de la cantonale.
Le message est passé, en tout cas, les bénévoles sont toujours les bienvenus.
On l'a dit, on l'a entendu tout à l'heure, ce rendez-vous, il a déjà fêté ses 100 ans, on va faire un peu d'histoire avec vous, Olivier Meubli, merci d'être avec nous ce soir.
Cette jeunesse campagnarde, finalement, c'est quand on cherche, elle remonte au Moyen-Âge, la fédération cantonale, on l'a dit, à un siècle, c'était quoi les motivations premières ?
Au Moyen-Âge, c'était les villageois essentiellement, il y avait tout un rituel sur le passage des âges, les accompagner dans des charivaries, dans les mariages, enfin, il y avait toute une sociabilité autour de la vie communautaire qui était extrêmement forte.
Évidemment, après, les sociétés ont évolué, la vie a évolué.
Et puis, alors, au début du XXe siècle, c'est tout le problème, évidemment, de l'évolution de la campagne, du monde paysan, dès la fin du XIXe, la modernité capitaliste qui s'étend, qui redistribue les cartes de la vie sociale en général.
Et, comme par hasard, la création de la Fédération, c'est en 1919, à un moment où le monde paysan vit une grande crise, le lendemain de la Première Guerre mondiale, et les milieux agrariens vont commencer à apparaître, et les milieux paysans qui étaient rattachés au radicalisme vaudois s'en détachent, pas seulement dans le canton de Vaud d'ailleurs, déjà, durant la guerre, à Zurich et dans le canton de Berne.
Donc, il y a tout un travail de réconciliation à mettre en place entre le monde politique au pouvoir, les radicaux en l'occurrence, et le monde paysan, et on voit que c'est des radicaux de l'époque qui se trouvent aux avant-postes de la création de la Fédération, sans message politique forcément, mais à ce lien, cette réconciliation à mener entre le monde paysan et le monde des villes et du pouvoir politique.
D'ailleurs, c'est intéressant, c'est parmi les fondateurs, il y a certes des gens de la campagne, mais il y a des gens qui ont étudié à Lausanne, dans l'équilibre de Lausanne, des sociétés d'étudiants qui étaient rattachés au radicalisme de l'époque.
En effet, au radicalisme de l'époque, et qui attiraient les fils des notables radicaux de la campagne.
Donc il y avait ce travail de jeunes qui avaient étudié à Lausanne, qui retournent dans leur campagne, qui occuperont des postes de notables comme leur père et leur grand-père, et qui seront à la racine de cette organisation des jeunesses campagnardes dans leur forme moderne, pour rétablir ce lien avec le monde paysan.
Et les radicaux vaudois réussiront relativement bien, contrairement à Berne par exemple, là il y aura une scission totale entre radicaux et les futurs agrariens. – Est-ce qu'on pouvait le comparer aux Fêtes fédérales qui sont aussi, elles, nées à la fin du 19ème et qui avaient cette volonté de cohésion, de défense d'un patrimoine ? – En ce sens traditionnel, bien sûr, le monde paysan en effet se considère déjà à la fin du 19ème siècle comme le vrai support de la nation, avec l'idée de nation qui se développe, qui prend de nouveaux contours à la fin du 19ème siècle.
Là aussi, dans ces transformations sociales importantes du capitalisme, l'émergence du socialisme, qui reposent des questions fondamentales sur les traditions de la société et puis sur le vivre ensemble, comme on dirait aujourd'hui, il y a ce côté traditionnel qui est indiscutable, mais avec ces liens que rappelait M. Domenique sur l'amitié et la solidarité, qui sont des éléments centraux dès le début, au-delà même du pur élément patrimonial, si je puis dire, mais on voit aujourd'hui que leur succès repense également, c'est une façon de repenser les traditions dans un contexte moderne.
Olivier Meloli, merci, vous restez bien sûr avec nous. 18h45, nous sommes toujours en direct depuis Givrin, où commence ce soir la rencontre des jeunesses campagnardes vaudoises.
On l'a dit, un siècle d'histoire avec ce côté conservateur, rural, qui a aussi provoqué des clichés, voire des principes assez rétrogrades liés à cette jeunesse, tous n'ont pas évolué au même rythme.
Alors on va écouter nos collègues de 120 secondes.
C'était en 2021, de l'humour, un peu d'humour, car il y avait eu une polémique, écoutez.
En cause, le thème choisi pour l'événement, les gros seins, et le fait que les participantes qui en sont dotées se voient offrir l'entrée.
Face au tollé suscité sur les réseaux sociaux, les organisateurs ont fait machine arrière en renonçant à ce cadeau, mais sans changer le nom de la fête baptisée Soirée Meule.
Plus d'un millier de participants se sont rendus sur place contre environ 200 les années précédentes.
On va en parler avec vous ce matin.
Jean-Kévin Cchouine, bonjour.
Oui, bonjour.
Vous êtes membre de la société de jeunesse de Melonda.
Oui.
Est-ce que vous avez été surpris par cette polémique ?
Oui, quand même un petit peu.
La semaine passée, on a passé des heures au téléphone avec des journalistes offusqués qui avaient l'air de nous dire c'est comme si on avait trucidé des vaches.
Non, mais il ne faut pas exagérer.
Lucite Ria, vous souriez, mais c'est vrai, les clichés liés au sexisme ou à la consommation d'alcool sont encore souvent présents.
Alors, comment vous réagissez, vous, présidente de la Fédération Vaudoise des Jeunesses Campagnardes, face à ces préjugés et à ces clichés qui sont encore bien présents ?
Alors, je souris, je rigole, mais c'est clair qu'au fond, le sexisme, je ne le conçois pas du tout.
Et puis, c'est aussi pour ça qu'on vient aussi avec des éléments de prévention à la FEDE.
Après, la petite anecdote quand même par rapport à cette soirée, c'est que tous les bénéfices de cette soirée ont été reversés au cancer du sein pour la lutte contre le cancer du sein.
Donc, je pense que ça, il faut aussi le relever.
Ça a été très bien perçu finalement.
Mais oui, au-delà de tout ça, on sait qu'on ne peut pas toujours jouer avec de l'humour sur ce genre de thématiques.
Donc, toujours très délicat, mais toujours aussi des choses à apprendre et puis à faire attention, bien sûr.
Et mine de rien, c'est des petits éléments comme ça qui font avancer la société.
Et je pense que ça ne fait pas de mal de temps en temps de faire quelques piqûres de rappel sur la notion de sexisme au sein de la FEDEP.
Parce que malheureusement, comme partout, il y en a.
Voilà, et c'est bien quand ça se fait aussi dans ce milieu-là.
Finalement, vous êtes une jeunesse campagnarde et c'est là aussi que les progrès doivent être faits à vos yeux.
Oui, on n'évite pas ça, malheureusement.
Et puis, ma foi, on est là aussi pour amener toutes ces notions de prévention liées à ça.
Mais surtout, en fait, une espèce d'ouverture d'esprit et de dire que ça arrive partout.
Et maintenant, comment le combattre ?
C'est juste d'en discuter et de parfois forcer un peu la parole et puis dire ce qui ne va pas.
Et puis, peut-être au début, le passer avec un peu d'humour.
Et puis finalement, le passer aussi avec un petit peu de tact et de sincérité.
Samuel De Vargas, vous êtes conseiller communal de Zanois Socialistes.
C'est votre première venue dans une cantonale, dans un giron.
Pourquoi vous n'êtes pas venu avant ?
Disons que mon jeune âge et le fait que la cantonale est organisée tous les 5 ans ne m'a pas laissé beaucoup d'opportunités.
Mais par exemple, l'année dernière, j'ai fêté le 1er août pas loin d'ici, à Duillet, où d'ailleurs la jeunesse de Duillet avait érigé la structure qui a accueilli le public.
Donc une autre réussite à mettre au crédit des jeunesses.
Qu'est-ce qui aurait pu vous retenir ?
Oh écoutez, pas grand-chose.
Moi, ce que je vois ici, c'est plutôt des choses positives, de l'entraide, du soutien, des bons moments passés ensemble, des activités sportives, donc il me semble plutôt que tous les éléments sont réunis pour passer une belle soirée.
Vous n'avez pas l'impression qu'on a là deux mondes, parce que finalement, on l'a dit, vous venez de la ville, on a toujours cet acte H, voilà, à Lausanne, c'est peut-être plus bobo pour utiliser un terme très à la mode, donc on a deux mondes, deux jeunesses qui ont peut-être des fois de la peine à se côtoyer.
C'est peut-être le cas, mais je pense qu'on a tendance à forcer un peu trop le trait, les problématiques qui sont rencontrées par les jeunesses tant de la ville que de la campagne sont similaires, on peut penser par exemple à la formation ou à l'entrée sur le marché du travail qui est difficile, ou le niveau des loyers qui est toujours trop élevé que ce soit en ville ou en campagne, donc c'est aussi ces sujets-là sur lesquels on se rencontre et pour lesquels il faut faire quelque chose.
Lucie Theriault, vous vous sentez-vous entendue quand vous vous défendez avec ces joutes sportives, mais finalement aussi des traditions, des valeurs peut-être plus conservatrices ?
Est-ce que là il y a un message que vous avez envie de transmettre ou un rapport que vous voulez développer avec les jeunes aussi de la ville ?
Oui, alors moi je pense qu'on a beaucoup évolué et puis on n'a plus rien à se prouver en tant que jeunesse campagnarde, c'est ce que j'ai tendance à dire, l'engagement est là, nos valeurs sont toujours les mêmes depuis plus de 100 ans, je pense qu'on n'a plus rien à prouver, après on a le droit d'évoluer et puis ça c'est ce qu'on fait tous les jours un petit peu, je souhaite finalement à chaque association, chaque société du canton nouveau et même de la Suisse de pouvoir évoluer comme on peut le faire chez nous aussi rapidement finalement et puis il faut des fois différencier les traditions du conservatisme, je pense que c'est aussi un petit peu important de le souligner.
Olivier Meuveli, les jeunes vont plutôt vers les villes aujourd'hui, ce succès qu'ont les cantonales, les girons, c'est un peu un paradoxe ?
Très partiellement parce que je pense, c'est vrai, la jeunesse évolue, le monde du divertissement évolue également et se centre évidemment comme vous l'avez dit, davantage sur les villes, les dossiers d'exode rural dont on parlait brièvement en début d'émission sont toujours là également mais je crois aussi que le monde rural, pas la paysannerie mais le monde rural en lui-même a largement changé, beaucoup de gens des villes ont émigré entre guillemets vers l'arrière pays comme on dit dans le Croton de Vaud, les campagnes et je pense que ces jeunesses, c'est aussi deux jeunesses qui se rencontrent, je n'ai pas fait d'études sociologiques sur le fonctionnement des jeunesses, là je ne vais pas me corriger si je me trompe mais je pense qu'il y a des gens à la fin, des vrais ruraux entre guillemets, je sais qu'il y a beaucoup de paysans alors qui sont actifs dans les jeunesses campagnardes mais aussi des gens qui ont d'autres formations, d'autres parcours personnels par leurs parents qui viennent même des villes et donc peut-être que ces jeunesses aussi offrent une occasion de réconciliation, c'est le mot que j'avais utilisé tout à l'heure, là pas seulement entre les villes et campagnes à distance mais également dans le monde rural, des jeunes qui ont un autre parcours vivent aussi cette façon d'être en dehors des villes parce qu'en effet on le voit à chaque votation, il y a des états d'esprit, des positions pas seulement politiques mais aussi sociétales qui peuvent être différentes et les jeunesses peuvent être un moyen de rencontrer de différents types de jeunesse qui existent dans le canton, qui ne vivent pas forcément en ville mais qui sont parfois de différentes souches socio-économiques ou socio-politiques.
Samuel de Vargas, qu'est-ce que vous pensez de ce que vient de dire Olivier Meuvly, cette rencontre ville-campagne ?
Je pense qu'elle a lieu et puis elle se fait aussi dans d'autres contextes, justement que ce soit sur les lieux d'études ou pour se faire soigner etc, c'est des endroits où au fond la jeunesse se rencontre à différentes occasions et puis bien que les profils peuvent être différents, c'est l'occasion de se réunir et de passer du temps ensemble et je pense que l'accueil il est favorable tant des jeunes des campagnes que des jeunes en ville et ce genre d'initiative doit se perpétuer et on ne peut que s'en féliciter.
On pourrait aussi imaginer ce genre de rencontre, enfin encore les privilégier ce côté de collaboration, de bénévolat, toutes ces notions qui sont développées avec ces pareilles joutes et ces rencontres cantonales qui pourraient se faire entre villes et campagnes.
Absolument, il y a des formats à imaginer, des structures à repenser mais tous ces événements qui sont organisés vont dans un but commun il me semble, c'est de partager des valeurs d'entraide, de soutien, de solidarité et en ce sens c'est une bonne chose et le résultat en tout cas actuellement est très convaincant ici à Givrin.
Lucie Therrien, on vous a rushé la tête, ça vous parle ?
Oui ça me parle et ça me fait aussi plaisir de l'entendre parce que c'est vrai que c'est quelque chose qu'on ne questionne plus chez nous parce qu'on le sait mais certains ont tendance à l'oublier, voilà cette notion finalement de partage et autant de la ville que de la campagne, je cite par exemple un exemple tout bête mais les mêmes bénévoles qui vont à Paléo viennent aussi bénévoler à Givrin, les mêmes staffs de Paléo viennent aussi faire partie certains du staff à Givrin, donc finalement peu importe le festival, peu importe d'où l'on vient, peu importe si on fait des études, si on est agriculteur ou pas, tant qu'on a envie de s'engager dans quelque chose que l'on aime et puis on a envie de partager les mêmes valeurs, je crois que c'est le principal.
Alors on est la veille du 1er août de la fête nationale, je crois que c'est toujours dans la tradition aussi d'avoir cet événement lors de ces cantonales, la politique elle a aussi sa place, la politique aussi pour les jeunes lors de ces rendez-vous ou pas du tout ?
Alors nous on se considère comme apolitique parce qu'on n'a vraiment pas envie d'inciter les jeunes à voter d'une telle ou autre façon.
Nous ce qu'on insiste c'est vraiment sur la question du civisme, donc que chaque jeune puisse aller voter et le fasse finalement peu importe ses décisions et ses choix.
Et ça c'est pas quelque chose qu'on a envie de mettre en avant clairement dans nos manifestations.
Après on ne le cache pas, on est soutenus par les politiques, on a besoin aussi d'elles pour avancer, on a besoin aussi de nos communes pour nous soutenir lors de ces organisations.
Donc on ne peut pas dire qu'on est complètement abolitique sur ce point-là et je pense que c'est aussi grâce à eux qu'on est là aujourd'hui.
Mais il y a peut-être aussi la volonté d'être davantage entendu.
Aujourd'hui la jeunesse suisse en 2024, à vos yeux est-ce qu'elle a suffisamment d'écoute et est-ce que ce genre de réunion peut aussi rappeler qu'elle est là, qu'elle existe même, qu'elle assure notre futur ?
Bien sûr, c'est une véritable preuve de professionnalisme, on vient ici, on n'imagine pas que ce soit des jeunes d'une vingtaine d'années qui puissent monter à une place de fête aussi grande et avoir des compétences aussi élaborées.
Moi je trouve ça fou et je souhaite autant sur le point politique que professionnel que tout ça soit reconnu à juste titre.
Olivier Meuveli, est-ce que c'est aussi ce genre de rencontre qui doit donner aussi plus d'écoute ou plus de place à l'opinion des jeunes, montrer qu'ils existent ?
Est-ce que selon vous ils ont suffisamment aujourd'hui de prise en considération ?
Je pense que l'époque où les jeunes étaient mis de côté est largement dépassée mais c'est une occasion.
Et je crois qu'au-delà de cet aspect uniquement écoute, c'est un lieu de formation, c'est comme de nombreuses associations, y compris d'ailleurs tous les camps politiques ont leurs sociétés de jeunesse, ce qui sont aussi des lieux de formation, des écoles de vie comme on dit souvent, mais je crois que l'expression n'est pas usurpée, mais des formations aussi.
L'armée a joué ce rôle-là, ce sont des étudiants que je connais mieux, les milieux des campagnards.
Quand on voit le nombre de personnes qu'il faut pour monter à telle ou telle opération, et bien ça forme, le commandement et l'organisation, c'est devenu que dire pas le contraire.
Donc c'est tous des éléments extrêmement importants.
Maintenant pour les bénévoles, 7000 c'est quand même pas mal.
Hier soir j'étais à une soirée avec des jeunes qui me disaient qu'ils seraient sans doute bénévoles de 2 ou 3 soirées mais n'étaient pas encore annoncés.
Il y a encore des événements qui vont arriver monsieur.
Lucie Torilla, vous êtes présidente de la Fédération vaudoise, vous l'avez dit, on a commencé cette discussion avec cet aspect-là, le côté ouverture, aussi mixité, la égalité des genres.
Vous avez un vœu à ce niveau-là, est-ce qu'il y a encore des progrès à faire, peut-être pour terminer cette émission ?
Je le répèterai toujours, il y a toujours du progrès à faire, mais là le vœu c'est que les gens se sentent bien ici.
Ça c'est notre premier vœu, c'est que pendant trois semaines les gens se sentent comme à la maison, je crois que pour l'instant c'est le cas.
On a vraiment mis tout en place, autant l'organisateur que la fédération, pour que les gens se sentent bien, qu'ils puissent parler s'il y a quoi que ce soit, on a même installé un stand prévention qui s'appelle le fait débat, donc dans le but aussi de débattre et puis de discuter des choses qui vont, des choses qui vont pas, parce que ça arrive, et puis juste en fait être présent pour chacun et chacune, donc on se réjouit de pouvoir parcourir l'Ecopo ces trois prochaines semaines en discutant en fait finalement ouvertement avec chacun et chacun.
Et s'il y a une date que vous devez recommander durant ces trois semaines, un moment pour le coup ?
Alors si vous voulez pleurer et avoir les frissons, bien évidemment le 18 août lors de la partie officielle.
Et puis là je pense que notre cher président de l'organisation va nous faire une belle chanson et un beau discours, j'espère que je vais faire de même.
Mais je pense qu'au-delà de tout ça, juste ressentir l'émotion de plus de 3000 personnes dans une cantine, ça vaut tout l'or du monde.
Très bien.
Merci beaucoup.
Voilà Coralie.
La grande messe a débuté.
Alors déjà une très belle ambiance malgré la pluie, vous l'avez compris.
On rappelle que ça dure 19 jours, donc sans doute l'occasion d'y faire un tour.
Et il n'y a pas de limite d'âge.
Et on va bien sûr remercier à tous nos invités.
Grégory Domenic, président du comité d'organisation, Lucie Theria, présidente de la fédération vaudoise des jeunesses campagnardes, Samuel De Vargas, conseiller communal socialiste lausannois et l'historien Olivier Meuvli.
Merci à tous.
Merci beaucoup.
La fête promet d'être belle.
Bonne soirée.
On vous croit.
On entend l'ambiance en tout cas.
Merci Anne Fournier et Robin Baudrat en direct de Givrin dans le canton de Vaud.